• 11-4 : Autres glissements :

     

    Ils sont très nombreux surtout à l’ouest mais de plus petites dimensions et plus classiques des éboulements affectant les marnes et argiles molassiques régionales.

     

    11-5 : Les replats et autres déformations curieuses de certains versants :

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    Fig. 53 : Revers est du plateau de la Serre au-dessus de la vallée du Naval. Replats singuliers (en gris) entre C1 et C2. Au fond terrasse Fv.

     

    On doit distinguer parmi les mouvements de terrain :

     

    1) les glissements au sens strict, affectant une tranche de terrain, d’épaisseur quelconque (quelques décimètres à plusieurs décamètres et peut-être hectomètres) et qui sont des mouvements de sols ou de roches, aux vitesses de déplacements variables, allant du simple fluage (=déformation très lente de vitesse quasi constante) à la rupture brutale, mais où tous les constituants restent plus ou moins en contact entre eux,

     

    2 les éboulements, écroulements et coulées, dont le caractère soudain s'accompagne d'une vitesse telle, qu’elle conduit à un éparpillement de tous les constituants mis en mouvement,

     

    3) les affaissements et effondrements liés aux cavités souterraines.

     

    4) enfin les effets spécifiques aux séismes.

     

    Seuls les glissements de type 1 sont concernés par cette étude.

     

    Dates d’apparition :

     

    Quel que soit le milieu géographique, la plupart des grands glissements fossiles français sont apparus à la fin des principaux épisodes glaciaires à savoir post-mindéliens, post-rissiens et bien plus fréquemment post-würmiens, le pic lors de cette dernière période étant sans doute de l’ordre de 15 000 à – 12 000 ans B.P.

     

    1.1 - LES PALEO-GLISSEMENTS (OU GLISSEMENTS FOSSILES)

     

    1.1.1 - Importance pratique de leur repérage en x,y,z 

     

    Elle peut se révéler fondamentale dans certains projets d’aménagement, surtout si ces projets vont à l’encontre de la stabilité de ces glissements (appelés aussi « dormants » rappelons-le). Elle peut conduire à l’extrême à la révision de ces projets et même à leur abandon définitif car ils peuvent être déterminants :
    • par leur rôle dans le façonnement des versants et par les risques qu'ils font courir aux réseaux ferroviaires, routiers, aux habitations et à tout bâti en général,
    • par les difficultés techniques d'y porter remède ou de réparer leurs effets dévastateurs,
    • par le coût toujours élevé des travaux confortatifs à mettre en œuvre pour les prévenir ou les restabiliser lorsqu’ils n’ont pas été perçus en amont des études.
    Les glissements de terrain au sens large peuvent affecter indifféremment :

     

    1- les versants de n’importe quelle vallée en milieu collinaire même de très faibles altitude et pente , les versants des montagnes ou les falaises du bord de mer.

     

    2- les talus en déblai ou en remblai (digues, routes, voies ferrées) artificiellement réalisés par l'homme.

     

    3- les ouvrages de même nature tels que murs de quai, de soutènement, de rideaux de palplanches etc…

     

    Si les glissements des groupes 2 ou 3 sont faciles à repérer, il n’en va pas de même de ceux du groupe 1.

     

    Parmi les centaines de milliers de glissements de terrain actuellement en « sommeil » ou en « semi-sommeil » dans notre seul pays la France, il est bien évident que seul un petit nombre fera l'objet d'investigations, d’études de recherches et a fortiori d'une confortation particulière, de tels investissements financiers pesant forcément très lourds et n'étant possibles que dans les cas où l'homme sentira que leur menace pèse sur ce qu'il a construit, sur ce qu'il va construire ou sur sa propre sécurité.

     

    D’où la nécessité absolue de pouvoir non seulement les localiser mais de s’assurer de leur réelle dangerosité en fonction de la conjonction des valeurs de pente, des hauteurs de nappe, de l’épaisseur et des caractéristiques mécaniques résiduelles des matériaux.

     

    Remarque importante:
    Ces caractéristiques, bien plus faibles que celles des matériaux en place ou même celles du sein des matériaux glissés (caractéristiques certes affaiblies en C′ dans ce dernier cas mais parfois peu différentes en terme de ∅′ lorsque l’éboulis est peu déstructuré), s’expliquent par un lustrage et
    une réorientation des particules fines ,le plus souvent argileuses et plastiques, dans le sens du déplacement.

     

    1.1.2 - Localisation et repérage d’un glissement naturel déclaré (fossile ou actif si ses caractéristiques avoisinent le résiduel) à partir d’une carte topographique d’ échelle adaptée au phénomène

     

    On appellera ci-après :

     

    . paléo-glissement ou glissement fossile, un glissement plus ou moins ancien (post Plio-Villafranchien dans ce dernier cas pour la France), aujourd'hui apparemment stabilisé mais susceptible de se remettre en mouvement aux moindres changements climatiques ou sollicitation dues à l'action intempestive ou à l’ignorance de l'homme (déboisements, travaux de terrassements etc…).

     

    Les glissements dits ‘panaméens ‘ ou listriques appartiennent à cette catégorie.

     

    . versant, toute portion inclinée de la surface topographique limitée vers l'aval par un thalweg (ou un axe de drainage quelconque) et vers l'amont par une crête ou un interfluve. Leur profil n’est que rarement linéaire si l’on utilise un procédé de recoupement orthogonal des courbes de niveau que ce soit du haut vers le bas ou l’inverse. Dans les deux solutions, selon cette définition, les profils des versants se présentent alors, le plus souvent, comme des lignes brisées.

     

    Si la topographie résultant d’un mouvement de terrain est souvent chaotique (au moins à court terme avant son érosion progressive), il n'en va pas de même en profondeur pour sa géométrie souterraine qui se révèle beaucoup mois heurtée et intacte, l'enveloppe des surfaces de rupture tangentant tous les mouvements élémentaires étant :

     

    • soit sensiblement de type plan et rectiligne parfois sur d'assez longues distances (et dans ce cas l'épaisseur glissée est à peu près constante).
    • soit de type listrique (=en forme de pelle) c’est-à-dire plutôt concave à très concave, les surfaces convexes étant limitées aux extrémités des langues en mouvement (et dans ce cas l’épaisseur glissée peut-être très importante ; cas des glissements panaméens).
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    Fig. 54 : Butte de Lagardie (111 NGF à 1km au sud-ouest de st Frichoux). Versant à l’abri du vent marin, sculpté de formes étranges. Voir aussi photos ci-après.

     

    11-6 : Captures de ruisseaux par érosion régressive lancée depuis les points bas du cirque :

    Compte tenu de l’âge récent de l’impact, l’érosion avec captures, n’est encore qu’à un stade embryonnaire.

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    Fig. 55 : le ruisseau des Agals au sud-ouest de Rieux est l’exemple le plus remarquable à citer. Il est en effet tronçonné par plusieurs captures dues à l’érosion agressive et régressive lancée par des ravins venus de la cuvette I2.

     

    11-7 : Démantèlement des chenaux gréso-conglomératiques et des marnes sous la puissance des éjectas probablement liquides ou gelés et/ou par séisme simultané:  

     

    11-7-1 : Secteur du Grand Mourral

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    Fig. 56 : Zone au S-W de Laure-Minervois certainement la plus remodelée( en terrain découvert) par la puissance des eaux éjectées, surtout auGrand Mourral sud et est.

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    Fig. 57 : Le Grand Mourral sud. Chenaux de grès de faible hauteur hors sol (2à 3m) en « dos de baleine » sans doute balayés par les tremblements de terre, le souffle et l’eau de la comète. Celui de gauche (ouest) est resté en place sauf au nord, malgré son diaclasage intense orienté exceptionnellement est-ouest.

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    Fig. 58 : Le Grand Mourral est. Chenal démantelé. Noter sa faible épaisseur hors sol.

     
    Principe 1 :
    Le versant est convexe ou en limite plan-convexe. Chaque intervalle de deux courbes de niveau décroît d’amont en aval. L’absence de glissements à l’échelle étudiée est certaine tout au moins d’âge post plio-villafranchien.
     
    Principe 2 :
    Le versant est concave. Chaque intervalle entre deux courbes de niveau successives croît d’amont en aval à partir d’une certaine altitude (ici 80 NGF) correspondant à la base de la cicatrice de glissement avant de redevenir convexe en pied (au-delà de 50 NGF). Dans ce cas, en faisant abstraction des exceptions énumérées ci-après le glissement est certain :
     
    a) si le glissement n’a pas évolué en coulée boueuse de vitesse uniformément accélérée,
     
    b) si le profil du versant ne résulte pas d’une abrasion sous-glaciaire ou de terrasses fluviatiles de direction obligatoirement biaise ou carrément perpendiculaire par rapport à la propagation du glissement,
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    Fig. 59 : idem. Vue longitudinale.

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    Fig. 60 : idem. Bloc très isolé au nord.

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    Fig. 61 : idem. Penchant est avecau fond la butte de la photo ci-dessous. Lesblocs éjectés et glissés se sont posés à plat sur la pente.

     

    3- METHODE DE TRACAGE DE LA SURFACE DE RUPTURE :

     
    D’après ce qui précède, on a montré qu’il paraissait possible non seulement de repérer et même de positionner dans un second temps les limites topographiques à peu près exactes de glissements très divers affectant un versant quelconque, mais aussi de donner un aperçu au moins qualitatif sur les formes et les profondeurs des surfaces de glissement étant à l’origine du relief de surface Ces dernières semblant être en relation directe avec lui, on a cherché une nouvelle méthode consistant à positionner le plus précisément possible ces surfaces à partir d’une analyse rigoureuse des courbes de niveau d’une carte adaptée à l’échelle du phénomène.
     
    On a donc, tout naturellement, cherché à corréler en tous points les accidents du terrain naturel et leur signification en profondeur au niveau de la surface de rupture.
     
    La méthode retenue après maints essais sur des cas concrets vérifiés par sondages, consiste à bâtir un profil du versant passant par le point que l’on veut tester (qu’il soit dans l’axe ou non des déformations maximales).
     
    Ce profil sera en principe tracé de la façon suivante :
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    Fig. 62 : Le Grand Mourral est. Bas du versant de la butte précitée concentrantla plupart des stigmates évoqués dans ce chapitre. Impact circulaire remarquable au nord avec couloir d’accès du type fausse carrière (voir fig.49.1).

     

    11-7-2 : Secteur nord de la ligne Buadelle-Borie Neuve
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    Fig. 63 :Morphologie chaotique autour du point 164 NGF.

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    Fig. 64 : Eventration de la crête gréseuse posée sur des marnes au sud de 164 NGF paradoxalement de plus en plus ouverte vers le sud malgré une épaisseur de marnes moindre due à la pente descendante. Nombreuses autres empreintes géomorphologiquement inexplicables.

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    Fig. 65 : sous-face du premier bloc du sud-est du couloir, décollé et basculé sur 1.5 m de profondeur et 1m de hauteur.

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    Fig. 66 et 67 : vues du couloir nord puis sud de la crevasse ouverte de plus de 3 m.

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    Fig. 68 : Vue de la pente marneuse convexe ouest supportant les grès éventrés excluant leur démantèlement par un glissement.

     

    L’ouverture en crête d’une crevasse aussi béante ne peut s’expliquer que d’une seule façon. Il faut admettre que le support marneux des grès a été « dissous » par une vague d’eau de puissance exceptionnelle qui l’a érodé et désépaissi en mettant peu à peu la dalle rocheuse en console jusqu’à sa rupture centrale finale. Plus le support marneux est de faible hauteur, plus l’ouverture est béante comme au Mourral sud, contrairement aux idées préconçues.

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    Fig. 69 et 70 : Extrémité sud de la ligne de crête prolongeant la crevasse. Contacts entre les marnes rouges remaniées par les éjectas d’eaux et de glace et les grès inférieurs apparemment en place ici.

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    Fig.71 : vue latérale prise à l’ouest des deux photos précédentes.

     
    11-7-3 : Zone de la butte du Mourel du Geiss (1km au N.N.E de Laure-Minervois)
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    Fig. 72 : Carte IGN à 1/25 000. Vue de la butte détachée du plateau de la Serre par un col séparatif.

     

    Cette petite butte, cotée 160, forme une avancée arrondie séparée de la terrasse de la Serre par une légère dépression en U très ouvert au creusement difficilement compréhensible. En fait, l’ensemble semble avoir été frappé de plein fouet par une vague d’éjectas aqueux gelés ou non, extrêmement puissante, à l’origine des nombreuses autres traces d’érosion, peu ou mal cicatrisées au Würm, découvertes sur l’ensemble de la butte surtout du côté des anciens lacs. Un décapage des paléo- sols fertiles a rendu la zone stérile en partie supérieure surtout.

    Le côté sud, exposé à une frappe directe venue de I1, est de plus sillonné entre autres de griffures en V (badlands) dans les marnes mises à nu, dont certaines avoisinent 30m de profondeur sinon davantage. Le côté nord mieux protégé présente une morphologie curieuse de « vaguelettes » recoupées par des traces de coulées plus superficielles comme le montre la photo 79.

    Quant aux grès, plutôt rares ici, leur démantèlement total et la disparition de leur équarrissage originel dû au diaclasage sismique ( ?), confirment une action hydraulique violente suivie d’un modelé où le gel et l’eau ont sans doute joué aussi leur rôle par la suite.

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    Fig.73 : Sommet de la butte ici marneuse qui sur quelques hectares se présente comme un paysage de western.